Secteur agricole

Une politique proactive d’amélioration des revenus agricoles

La stratégie d’amélioration des revenus agricoles, notamment dans les grandes filières comme le cacao et la noix de cajou part du principe qu’il faut faire en sorte que les producteurs aient un revenu décent, en contrepartie des efforts déployés pour mettre à la disposition des marchés, des produits de qualité. La notion de revenus décents tire sa source dans le constat que dans la chaîne de valeurs de l’industrie du cacao par exemple, seulement 5% à 6% des valeurs générées reviennent aux producteurs, ceux-là même qui sont à l’origine de ladite chaîne.

Mais comment parvenir à une augmentation des revenus des producteurs dans un contexte où les marchés et leurs acteurs de poids ont une si forte capacité d’influence ? 

Le Gouvernement va à cet égard organiser sa stratégie autours de trois piliers, à savoir (i) renforcer la gouvernance de la filière et consacrer au moins 60% du prix CAF aux producteurs (ii) travailler en liaison avec d’autres pays producteurs pour influencer à la hausse le prix CAF et (iii) accroître la chaîne de valeurs en Côte d’Ivoire par l’incitation à la transformation, afin de capter davantage de ressources au bénéfice de l’économie nationale. Ces piliers se déclinent comme suit :

  • Adoption d’une politique de fixation des prix octroyant la part la plus importante du prix CAF aux producteurs. Le Gouvernement a décidé que les producteurs doivent recevoir au moins 60% du prix CAF auquel le produit se vend. En période de baisse des cours internationaux, le Gouvernement a renoncé à toute ou partie du droit d’enregistrement (5% du prix CAF) afin d’augmenter la part des producteurs. Ainsi, la part des producteurs dans la structure des prix du cacao a varié depuis 2011, entre 60% du prix CAF et 65%. Cette politique de tarification a été accompagnée par le renforcement de la gouvernance de la filière et d’un encadrement des producteurs. Il a également été  procédé à la mise en place d’une stratégie d’amélioration de la productivité du cacao. C’est cette réorganisation qui a permis, avec la chute drastique des cours en 2017, à la filière cacao de supporter les pertes financières subséquentes, par recours aux ressources propres de la filière sans qu’il n’ait été nécessaire de faire appel à l’Etat. 
  • Mise en place de partenariats visant à renforcer le rôle des pays producteurs dans la formation des prix. Partant du fait que la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent près de 65% de la production mondiale de cacao, le Gouvernement ivoirien a entamé dès 2013, les discussions avec ce pays en vue de parvenir à influencer les prix mondiaux, dans le but d’accroître la rémunération des producteurs. Cette approche constitue un grand changement dans la perception du rôle de nos Etats producteurs, qui ont toujours subi les prix des marchés. C’est le sens des accords conclus avec le Ghana, qui fera de nos pays des acteurs à même d'influencer les prix sur les marchés internationaux au lieu de rester des « price-taker ». De façon méthodique et irréversible, les mécanismes devant permettre de faire du revenu décent une réalité sont en cours de finalisation. 
  • Mise en place d’un écosystème favorable à la transformation du cacao et des autres produits en Côte d’Ivoire. Si les deux premiers piliers permettent d’apporter une réponse de court et moyen termes à la problématique d’amélioration des rémunérations des producteurs, le Gouvernement considère que la solution de long terme pour accroître la contribution des filières agricoles à l’économie nationale réside dans la transformation. C’est pourquoi, il a fixé des objectifs précis à atteindre en termes de taux de transformation et de développement de l’agro-industrie. Il a également adopté une politique fiscale adéquate (code des investissements, DUS différencié, secteurs prioritaires intégrant le café-cacao et l’anacarde) pour contribuer à la mise en place de l’écosystème requis pour la transformation totale de nos produits exportés sans valeur ajoutée. 

Résultats

Filière cacao : la politique de fixation des prix a permis de servir aux producteurs, depuis 2011, un prix minimum de 700 FCFA/Kg correspondant au prix maximum servi de 2000 à 2009.  Evolution du prix bord-champ du cacao (en FCFA/Kg)

Filière anacarde

Filière anacarde: le prix bord-champ s’est situé entre 175 FCFA/Kg et 715 FCFA/Kg de 2011 à 2018, contre un maximum de 200 FCFA/kg de 2003 à 2010. Les revenus des producteurs sont passés de 101 milliards de FCFA en 2012 à 404 milliards de FCFA en 2018. 

Filière coton

Filière coton : le prix bord-champ s’est situé entre 250 FCFA/Kg et 300 FCFA/Kg de 2012 à 2019, contre un maximum 216 FCFA/Kg de 2001 à 2010. Les revenus des producteurs sont passés de 36 milliards de FCFA en 2011 à 123 milliards de FCFA au cours de la campagne 2018-2019.

Evolution du prix bord-champ du coton (en FCFA/Kg)